Giorgio de Chirico - Magic Realism
(Giorgio de Chirico - 'Magic Realism')

PRÉSENCES

    Le temps est à présent absence à perte. Nous rentrons dans cette ville déserte que la nuit tourne dans son trou. Il n'y a plus personne que cet homme caché derrière ses yeux.
    A droite, une grande bâtisse orange aux volets clos, comme un vaisseau qui flotte, les mémoires déchirées d'une vague musicale, ... une odeur de terre brûlée d'une femme-statue allongée sur son socle de rêve, trois déesses en marbre, ... et puis ces usines muettes désaffectées à perpétuité prisons sans tête ...
    Je voudrais une fête mais il n'y a pas de courant d'air. Seuls les trains aquatiques trouvent encore une voie ferrée : c'est une procession de lucioles en marche.
    Les très hautes maisons qui nous guident portent nos ombres au-delà de la fuite. Mais il n'y a plus rien à prendre que ce gant suspendu ; à le regarder, une main peut s'animer et saisir tout aussitôt la balle verte qui court dans les rues pour nous jeter dans un cafouillis d'oiseaux sauvages. Tu longes les murs des usines à sel tout en dodelinant de la tête. Je ne vois pas les circonvolutions des courants d'air dont tu me parles, mais je soupçonne les murs de nous suivre. Je sais que des bêtes sont embusquées aux coins des rues, prêtes à bondir.
    Tu fais de grands gestes tout en marchant les bras aux roues du vent ; tu fais s'envoler les feuilles les joies retrouvées les vies, ... à chaque mouvement de bras tu renouvelles les têtes.

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